GURS, le 27 mai 2006

Chers Camarades, Chers Amis,

S’il appartient à MER, Mémoire de l’Espagne Républicaine, de prononcer quelques mots dans le cadre de cette manifestation du souvenir, ici, à GURS, je ne me lancerai pas dans une rétrospective des faits qui ont amené les Républicains Espagnols dans ce camp de concentration.

Je rappellerai, avec l’émotion d’une fille de Républicains espagnols, maintenant disparus, que dans les années 30, il y avait, en Espagne, une terre prospère pour une minorité et une terre de souffrance pour les autres. Ceux-là nourrissaient, alors, les poings serrés, l’espoir de changer ce monde qui les enchaînait : au printemps 1931, jaillit des urnes La République, telle une source de lumière et d’espoir.

Je rappellerai la détresse des femmes, des enfants et des hommes, survivants de la haine et des massacres fascistes, survivants d’une immense désillusion, chassés de leur pays par une guerre qui les avait vaincus, abandonnés de tous, maudissant la non-intervention décrétée en 1936 par les démocraties aveugles et impuissantes, ils serraient encore les poings, dans leur dos.

Ces exilés ibériques, pitoyables et faméliques, qui espéraient tant de l’hospitalité française, furent cueillis et concentrés dans des camps aux quatre coins du pays. La presse xénophobe s’exaltait contre « la horde de terroristes qui déferlait sur le territoire national ».

A GURS, parqués derrière des barbelés, dans un parfait isolement, ils étaient entassés entre leurs frères des Brigades Internationales et leurs amis juifs condamnés à mourir ici ou à AUSCHWITZ.

Je rappellerai qu’en 1945, après avoir subi une nouvelle guerre, les humiliations et le maintien du régime franquiste, les Républicains Espagnols se sont tus pour laisser grandir leurs enfants en France.

Aujourd’hui, juste retour des choses, le temps est venu d’honorer la mémoire des vaincus qui se surprennent encore à brandir leurs poings et d’exiger la dignité pour tous les exclus de la guerre civile.

Aujourd’hui, nous sommes honorés de la présence de la délégation du gouvernement basque, c’est pour nous la reconnaissance officielle des souffrances des internés de ce camp de la honte, qu’ils soient espagnols, basques ou d’autres nationalités.

Aujourd’hui, chers camarades, chers amis, nous pouvons desserrer nos poings et accueillir à bras ouverts tous nos amis basques.

Réjouissons-nous de voir naître une amitié pérenne à l’instar de cette pousse plantée à GURS liée pour toujours au chêne de GUERNIKA.

Merci. ESKERRIK ASKO.